Les insultes et autres brutalités verbales battent, en 2007, tous les records. Plus de neuf gosses sur dix adoptent un langage de charretier. Et les violences physiques les suivent de près. Près de huit enfants sur dix ne maîtrisent pas ses gestes. Malgré tout cela, nos chers petits se sentent (un tout petit peu) plus en sécurité à l'école qu'en 1998. Alors, quoi? Cette violence serait-elle codée?
Le point de vue du Ligueur
Ils nous l'avaient déjà annoncé - la dans la première partie de l'enquête - en parlant de leurs peurs: plus de la moitié des enfants avouaient qu'ils craignaient recevoir des coups. Une peur qui s'est amplifiée en dix ans de temps. On pouvait deviner que l'angoisse de se faire rosser se vivait surtout à l'école. Mais pas à ce point. On reste impressionné par le nombre des 6-12 ans qui dénoncent l'augmentation des violences au cœur de l'établissement scolaire, celles qu'on qualifierait de banales. La courbe de ce graphique est édifiante: huit enfants sur dix parlent de violence physique. Les lâcherait-on, chaque matin, dans l'arène? Paradoxe: le même graphique montre que plus de sept enfants sur dix affirment se sentir tout à fait en sécurité à l'école et ce, en 1998 comme aujourd'hui. Comment nos mômes peuvent-ils donner une telle réponse alors qu'ils affirment que la violence autour d'eux ne cesse d'augmenter? Éviteraient-ils les coups? C'est comme s'ils avaient appris à se mouvoir au cœur du bruit et de la fureur, connaissant précisément les coins dont il faut se méfier, les caïds à contourner. À moins que les nôtres ne soient pas non plus des saints...
Nos petits vivraient donc dans un chaos relativement ordonné dont ils détiendraient les clés... ce qui leur permet, apparemment, de ne pas trop en pâtir. Encore que, comme parent, on aurait préféré qu'ils nous répondent d'une seule voix, qu'à l'école, ils se sentent comme des poissons dans l'eau. Or, d'après le graphique, il y en a quand même trois sur dix qui franchiraient le seuil de la classe, la peur au ventre. La peur des profs, des mauvaises notes y sont pour quelque chose, bien sûr. Mais il y a aussi la récré où ils doivent se coller au mur pour ne pas être bousculés. Les toilettes, où il y a toujours un malin ou l'autre qui est là pour ennuyer son monde.
Taquineries ou brimades? Difficile de faire la différence mais, quand le phénomène est répétitif, l'enfant se sent victime et se retrouve seul face au groupe. Il y a les claques qui laissent des bleus (et qu'on ne montre pas nécessairement), il y a les coups dans le cartable ou le sac de bain qui vole en l'air et qui se vide de son contenu, il y a aussi les mots acérés comme des flèches qui peuvent tuer parce qu'ils humilient ou excluent. Neuf enfants sur dix parlent de ce genre d'agression en augmentation également.
À côté des ces violences presque familières, il y en a d'autres, plus sophistiquées (Nous ne retenons pas ici la cigarette dont nos "kets" tirent quelques bouffées pour jouer aux grands. Si ce produit est, aujourd'hui, de plus en plus mal vu, il ne peut être apparenté aux violences citées). Le vol, le racket, le vandalisme... Heureusement, nos enfants nous annoncent qu'ils seraient en diminution. Oh, pas de grand-chose. Un tiers des écoliers se plaignent des vols et près d'un cinquième d'entre eux auraient déjà rencontré le racket. C'est énorme. Car s'installe souvent entre l'enfant racketté et celui qui rackette une relation de victime à bourreau qui ne s'arrêtera que s'il y a une intervention extérieure, celle d'un plus grand, beaucoup plus grand ou celle d'un adulte.
Telle est l'école où l'on dépose quotidiennement nos poussins. Telle est aussi la société dans laquelle ces mêmes poussins doivent apprendre à grandir coûte que coûte. La même enquête nous apprenait dans son troisième volet consacré à nos 6-12 ans nés avec un GSM dans une main et un clavier dans l'autre que, plus d'un tiers d'entre eux regardent, avec complaisance, le feuilleton Prison Break. Tout n'est pas éducatif à la télé. À tel point que l'on peut se poser la question: mais comment les jeunes ne sont-ils pas encore plus violents?
Nous vous proposons des reportages traitant de différents cas de violence à l'école envers les élèves, envers les professeurs.
Ces vidéos témoignent de diverses réactions possibles face à la violence.
Un professeur témoigne d'une descente de police violente au sein de sa classe. Choqué par cet évènement, il raconte...
http://www.youtube.com/watch?v=31VDfp4pjeA
Dans une école à proximité de Nîmes, les professeurs, désemparés, ne trouvent d'autres solutions que la grève pour attirer l'attention sur les problèmes de violence dont ils sont victimes.
http://www.youtube.com/watch?v=t167PfGfDe4
Une directrice d'école transforme son établissement en prison... Explications et réactions des élèves face à ces mesures draconiennes...
http://www.youtube.com/watch?v=ETgkCq5mB2U
Mais peut - on vraiment parler de solution?
Les dispositifs mis à place n'engendreraient - ils pas d'autant plus la violence?
Quelles sont les solutions?
Comment protéger les élèves et les professeurs de cette vague d'agressions?
L'école doit - elle devenir une prison?
Les interventions musclées de la police sont - elles un moyen pertinent pour parvenir à une ambiance sereine et rassurante au sein de l'école?
A vous de juger!
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